Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, après avoir faict lecture de la lettre quil vous a pleu escrire
2ce jourdhuy à monseigneur le presidant, il ma commandé, ne povant
3encores mettre la main à la plume, vous faire entendre lestat auquel il
4est à present qui est tel : il trouve goust aux viandes, il ne trove encores
5le vin bon, dont il est bien marry. Jespère que ce sera bien tost. Il a songey deux
6ou trois foys la nuict quil beuvoit de vin blanc quil trouvoit fort
7bon. Nous avons cherché de jour pour en trouver de ce goust, mais il les
8trouve tous amers. Il se promène par sa chambre environ deux cens pas
9par jour à laide de quelcun de nous aultres qui le tenons soubz les bras.
10Il espère ung de ces jours estre assez fou pour se promener sur la
11gallerie et à la fin de ce moys prendre lair des champs et non plus
12tost. Il vous prie ne prendre encores ceste peine de luy escrire des
13nouvelles, car il ne veult penser à aultre chose que à sa santé ; son apostème
14flue tousiours de matière fort liquide et blanche. Le cirugien la sondée
15et na trouvé que deux doidz de profondité. Il en pourra estre gary dans
16trois sepmaines ou ung moys. Sil luy survient quelque chose de nouveau,
17je ne feray faulte le vous escrire.
18Monseigneur, après vous avoir présenté mes très humbles recommandations,
19je prie Dieu quil vous aye en la sa saincte protection et digne
20garde. De Grenoble, ce VIe aoust 1572, de
21vostre très humble et très obeissant serviteur
22de Bazemont, abbé d’Aiguebelle
23Mondit seigneur ma commandé vous presenter et à madame de Gordes,
24ses très humbles recomandations à voz bonnes graces,
25après la presente escritte, mondit seigneur le presidant ma commandé vous escrire quil
26ne dort encores bien à son ayse ny jour, ny nuict, aiant tousiours quelque inquietude